Irriguée d’influences, à commencer par le groove rythmique entêtant des confréries gnaoua du Maroc et le blues afro-américain, la musique du chanteur et multi-instrumentiste (guitare, guembri, kalimba, n’goni…) marocain Majid Bekkas est un voyage, une fête nomade. Elle porte un souffle de liberté, rayonne de lumière joyeuse, même quand sa voix poignante crie la solitude (Ahia Mhanti, le magique et très mandingue titre d’ouverture, avec la kora de Mbemba Diabaté), ou chante un monde sans paix ni vie sereine (la ballade mélancolique Mabrate Tessfa)Dans cet album paraissant une vingtaine d’années après son premier, African Gnaoua Blues (2001), auquel participait déjà l’éclectique percussionniste Khalid Kouhen, Majid Bekkas s’assure aussi la présence, entre autres, de l’excellent batteur Karim Ziad et de Foulane Bouhssine, qui y fait virevolter son ribab – violon monocorde berbère. S’il fallait hiérarchiser la copieuse production de Majid Bekkas (dix-huit albums à ce jour), Joudour (« racines », en arabe), conçu pendant le confinement, donc impliquant des collaborations à distance, trouverait sa place au sommet. Patrick Labesse

“la musique porte un souffle de liberté, rayonne de lumière joyeuse”

Lien