A la fois improvisateur, compositeur et explorateur des musiques du monde, Manuel Hermia a développé des projets personnels parallèlement dans plusieurs directions : en jazz avec son Quartet (L’esprit du Val, Igloo 1999 et Rajazz, Igloo 2006), avec le groupe Slang (Los Locos, Save the Chilis, It’s on the way) ou encore, à la flûte indienne cette fois, avec « Le Murmure de l’Orient » (IglooMondo 2005, et Cristal/Harmonia Mundi 2005).
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Il a joué avec nombre d’artistes de diverses cultures : Mamady Keita ( Guinée ) , Dhruba Ghosh ( Inde ), Regis Gizavo ( Madagascar ), Ben Ngabo ( Rwanda ) , Nono Garcia ( Espagne ), Joao Braga ( Brésil ), Dobet Gnahoré ( Côte d’Ivoire ), Abid Bahri et Majid Bekkas ( Maroc ), Manou Gallo ( Côte d’Ivoire ) … Il a aussi joué pour la compagnie de cirque contemporain Feria Musica pendant 10 ans. Il apparaît comme invité sous d’autres horizons avec Fred Wesley, Pierre Van Dormael, Didier Laloy, Karim Baggili, Salvatore Adamo, Sttellla, William Sheller, Khadja Nin, Dick Annegarn, Clarika , The Guilty Brothers Experience, Oxymore …
Manuel Hermia a été récompensé en 2011 de l’Octave de la Musique, catégorie Jazz, pour son album “Long Tales & Short Stories”.
Rajazz
“J’ai toujours eu cette image de la musique : un paysage qui s’étend à l’infini, et que l’on observe du haut d’une colline, les bras ouverts face à l’horizon à 180° et tentant de l’embrasser… Dans ce vaste paysage je voyais tout notre héritage de Bach à Debussy, mais aussi le jazz, le blues, le rock, les musiques latino américaines, les musiques africaines, le rap, les musiques électroniques, et toutes ces styles dont le 20ème siècle aura accouché. Quel paysage infini… Et puis un jour, j’ai rencontré l’univers des ragas, et là j’ai réalisé que je me trouvais face à quelque chose de tout autre, mais d’aussi vaste que ce qui m’étais familier : un autre univers musical d’une richesse extraordinaire, non plus « tonal » mais « modal » cette fois. Et d’un coup je réalisais que si je me retournais, là haut sur ma colline, les bras toujours ouverts vers l’horizon, et bien je découvrais les 180° de paysage restant. De ce point de vue central, je me sentais complet, comblé, riche de pouvoir apprendre à jamais. Alors l’envie m’est évidemment venue de tourner sur moi-même comme un derviche, pour tenter d’embrasser la totalité de ce paysage, des images ont commencé à faire un tout, des sons aussi…
Entre l’intériorité des ragas et l’extériorité du swing, la musique trouve sa complétude. Mais entre la tonalité et la modalité… j’étais face à un souci : là où l’improvisateur de ragas se limite à 5, 6 ou 7 notes une heure durant, et cherche à en explorer toutes les possibilités, le musicien de jazz cherchera plutôt à jouer « out », à utiliser une variété maximale de notes sur une même couleurs, et à changer ces couleurs des façons les plus diverses… La façon d’aborder la matière musicale que sont les notes est donc fondamentalement différente.
J’ai donc cherché à créer de toutes pièces une sorte de « jeu » de notes, comprenant des règles répondant simultanément aux attentes des deux systèmes. Les « Rajazz » en sont l’aboutissement.”
Manuel Hermia
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