Malgré son titre évocateur, cette oeuvre ne relève pas de la “musique a programme”; au contraire, ce quatuor constitue une tentative de conceptualisation, de transposition musicale de la notion – ma notion, subjective – de rêve. En effet, le rêve, domaine de l’illusion et de l’illogisme, lieu de rencontre de l’imaginaire et du vécu, est pourtant régi par de profondes structures internes mais subconscientes. Transposée en musique, cette conception engendre paradoxes et surprises, comme ces clichés évocateurs du jazz ou de surprenants changements de tempo; mais elle induit également des simultanéités, des rapprochements du présent et du passé, à l’occasion de périodes lentes où la mélodie éclatée s’organise en schémas harmonique. Ainsi naît une onde sonore basée sur quatre motifs principaux, développés à travers l’oeuvre en autant d’atmosphères allant du mielleux, voire du voluptueux, au cauchemaresque, apologie du quatrième motif qui conclut l’oeuvre dans une débauche de virtuosité instrumentale. Je laisse d’ailleurs à l’auditeur le soin de découvrir la signification de l’accord final…
Ce quatuor pour violon, clarinette, piano et percussions est dédié à Philippe Dewonck.
Chant
Chant, pour synthétiseur, harpe, piano et trois groupes de percussions, fut écrit en 1983 à la demande du Festival de Wallonie qui s’était choisi pour thème: “Orient-Occident”. Ceci justifiait le choix des principaux matériaux de l’oeuvre: une mélodie japonaise et une séquence sérielle. Un vaste “champ” d’exploration s’offrait dès lors, où je pouvais instaurer différentes relations entre les deux composantes : interprétation, interaction, distanciation.
Cependant les schémas de composition sont nés des propriétés acoustiques des instruments: d’abord la résonance, qui caractérise le piano, la harpe et des percussions comme le vibraphone, le crotale … alors que le synthétiseur varie la couleur de ces résonances; ensuite, un travail sur l’articulation sonore qui donne lieu à une «évolution constante». Cette évolution, due à la densité des idées exprimées – aucun des instruments acoustiques employés ne permet de tenir un son – varie selon les différents états agogiques.
L’oeuvre est dédiée à Philippe Boesmans.
Claude Ledoux
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