Quelques références pèsent sur les premières mesures de “Confidence” : Nathalie Loriers et surtout Enrico Pieranunzi, à cause du toucher délicat et de cette manière précieuse de combiner jazz et classique en une musique suave et légère comme une brise d’été. Et puis, voilà qu’au milieu du morceau, le pianiste s’envole soudain vers d’autres horizons, accélérant le tempo et s’ouvrant aux plaisirs du swing, lâchant de longs chapelets de notes improvisées avec la facilité d’un Keith Jarrett avant de revenir en finale comme par magie à la nonchalance du thème initial. Martin Salemi n’est pas l’homme d’un seul style et, de Lennie Tristano dont la singularité et l’agilité exceptionnelle sont émulées sur “Lennie’s Pennies” au rythme chaloupé de “Regina” dont l’introduction percussive en accords n’est pas sans évoquer l’exotisme bluesy du grand Horace Silver, on voyage allégrement à travers l’histoire du jazz. Quel que soit leur genre et les influences qui les imprègnent, les compositions du leader sont toutes délectables. Non seulement, elles ont du caractère mais, ni démonstratives ni appliquées, elles sont aussi mémorables par leur côté mélodieux, leurs trames concises et leur aptitude à exploiter au mieux le format choisi. Composée du contrebassiste Mike Delaere chevillé au batteur Toine Cnockaert, la section rythmique s’avère polyvalente et inspirée, capable d’amplifier les états d’âme nostalgiques du leader sur le splendide “Early Morning” ou de souligner avec dynamisme les rythmes de l’impétueux “Working Summer”.
On appréciera en passant l’illustration de la pochette réalisée par le père du leader, Jean-Claude Salemi, dans un style vivant évoquant à la fois l’ambiance populaire d’un Maurice Tillieux mâtiné d’Yves Chaland et une certaine série noire à la française.
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