C’était il y a déjà vingt ans. Comme en France, la Belgique ou, pour être plus exact, la Wallonie et Bruxelles ont connu à la fin des années 70 une incroyable effervescence associative et musicale. Tous les acteurs culturels désireux de mettre en place de nouveaux réseaux, de réaliser des productions «alternatives» et de monter des projets innovants se sont naturellement retrouvés pour faire face à l’hégémonie des grands producteurs du show-biz. Conséquence : des lieux et des événements sont nés soudainement un peu partout. Comme les scènes du Travers et de la Soupape à Bruxelles, l’association des Lundis d’Hortense, le festival de Gouvy comme celui de Brosella ou du Temps des cerises à Namur, etc. Le label Igloo est directement issu de toute cette mouvance bouillonnante, de cette période d’intense activisme militant en faveur des musiques improvisées européennes.
« Au départ, se rappelle Christine Jottard, directrice d’Igloo, nous étions surtout intéressés par des productions plutôt marginales (improvisation, électronique, contemporain). Progressivement le label a pris une couleur jazz, notamment grâce à la fusion au début des années 80 avec le label LDH lancé parallèlement par quelques jazzmen issus des Lundis d’Hortense. » Résultat, Igloo peut aujourd’hui se prévaloir d’un catalogue riche de près de cent cinquante références, soit une centaine d’artistes enregistrés, près de deux cents heures de créations musicales présentant les multiples facettes du jazz belge.
Sans Igloo, qui aurait connu la si brillante génération des Michel Herr, Charles Loos, Steve Houben. Félix Simtaine, Paolo Radoni et autres Pierre Vaiana et Jean-Pierre Gebler? Sans Igloo, qui aurait découvert la seconde vague qui a pour nom aujourd’hui Nathalie Loriers, Eric Legnini. Yvan Paduart, Diederik Wissels, Philippe Aerts. etc. ? « Nous nous sommes aussi ouverts, précise Christine Jottard, à des courants plus métissés d’ici et d’ailleurs comme “H” de Pilrly Zurstrassen, Trio Bravo, Julverne ou Combo belge. Sans oublier de donner quelques cartes blanches à des artistes de la renommée de Jacques Pelzer ou Philip Catherine. Le jazz belge, on l’oublie trop en France, est d’une richesse étonnante. Igloo nous a aidés à le connaître. Merci et longue vie.
Pascal Anquetil, Jazzman 05/1999
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