First round, premier EP digital d’Edges sorti en novembre 2021 annonçait ce full album qui paraît au format vinyle et digital. C’est également le titre qui ouvre « The End of the F***ing world » : la musique s’y déverse, quasi-liquide. Magma de Vésuve sonore discipliné. Choc thermique. Pas besoin de mode d’emploi, de décryptage névrotique, d’abécédaire studieux.
Neuf titres qui rappellent les seigneurs-riffeurs, à la Robert Fripp du King Crimson vintage, ou les habiles diversions soniques du new yorkais Marc Ribot. On pense surtout à un Guillaume Vierset totalement libéré, en roue libre et mode incendiaire. Zappa aurait adoré I Love Triads et son infernal scoubidou d’instruments en chaleur.
Il faut entendre Doctor Bartholomé – dédié au leader de Sharko qu’accompagne Guillaume depuis quatre ans – pour mesurer l’ampleur du feu d’artifice mené par Vierset et ses impressionnants complices. Le batteur américain Jim Black (Alas No Axis, Tim Berne, Ellery Eskelin ou Kurt Rosenwinkel), le bassiste danois Anders Christensen (entendu aux côtés de Tomasz Stanko, Jakob Bro, Paul Motion ou Aaron Parks), et le franco-bruxellois Dorian Dumont (Echt !), aux claviers.
Sur la plage titulaire, en bout de disque, David Bartholomé (Sharko) pose sa voix. Un moment d’une singularité crépusculaire, cosmique, secourante. Conforme au sens de Edges. Les bords. Ceux d’un monde en perdition. Peut-être bien sauvé par la musique. On peut encore rêver, non ?
Fermer