Il est rare qu’un musicien fasse l’unanimité, surtout un musicien de jazz, qui est un art en mouvement, dont les novateurs ne sont pas prophètes dans leur pays, et dont les imitateurs sont souvent félicités plus pour les souvenirs qu’ils rappellent que pour l’intérêt de leur musique. Eric Legnini pourtant fait l’unanimité, Ni prophète, ni imitateur, et entouré ici de musiciens aussi solides dans la tradition (Jean-Louis rassinfosse) que créatifs (Stéphane Galland) et ardents (Fabrizio Cassol et Michel Massot de Trio Bravo) à construire le présent (Pierre Vaiana les rejoint sur un morceau), il confirme avec ce premier disque la voix originale et éblouissante qu’il semble être désormais pour le jazz.
Qu’est-ce qui fait qu’Eric Legnini soulève tant l’enthousiasme de tous ceux qui l’entendent, et les ovations de tous les publics ? Peut-être est-ce de la densité – fluide et puissante – de l’énergie qui le traverse apparemment sans résistance, pour exploser rythmiquement. Peut-être est-ce l’association – que certains appellent génie – de la jeunesse et de l’étonnante maîtrise qui lui permet de traduire de manière toujours juste cette énergie en beauté sonore. Peut-être est-ce aussi la profondeur des sentiments (la musique ne peut rien cacher) et de la vie qui le rend réellement touchant. De toutes façons, ce disque est, et il s’écoute avec autant d’évidence que l’on regarde un ciel qui annonce le beau temps.
Pierre Van Dormael
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