Dès la première mesure, Control Swift groove sur une rythmique revigorante portée par la frappe tranchante du batteur Jean-Marc Robin tandis que le saxophone s’enroule autour des riffs d’une guitare électrique dont le son organique et légèrement acide invoque quelques fantômes dont le regretté Larry Coryell. Une fois mis en orbite, la détente est permise avec un There Will Be félin auquel le leader, par ses cordes tirées, donne des reflets bleutés. Ce style expressif perfusé de soul refera surface à plusieurs reprises. D’abord sur Le Chien, un morceau qui balance comme une panthère rose en maraude grâce au solo jubilatoire du saxophoniste Johannes Mueller suivi du thème joué à l’unisson. Et ensuite sur Blues For Jean dont l’intitulé étale au grand jour l’énorme emprise du blues sur cette musique, même si ce qui est ici restitué est un blues à la John Scofield, c’est-à-dire torturé par un phrasé aux contours originaux qui, combiné à une palette d’effets maîtrisés, produit un son saturé et des inflexions viscérales. Grand amoureux de belles mélodies, Lamy a aussi composé quelques pièces idéales pour faire chanter les instruments comme cet A.-C. aux accents mélancoliques, délicatement coloré par des accords flottants et de beaux chapelets de notes qui n’en finissent pas de virevolter avec grâce avant de se dissoudre dans un final onirique. Quant à Erase, c’est une sortie en apesanteur où l’on épinglera le solo de basse de Gautier Laurent décliné sur des nappes mouvantes de guitare juste avant que cette dernière ne déploie ses ailes pour s’envoler à son tour. Ce répertoire éclectique s’achève sur une friandise offerte en bonus : un D Blues en forme de hard-bop swinguant et débridé, comme une concession à un jazz classique dans lequel guitariste et saxophoniste mordent avec gourmandise, moulinant le thème et faisant tourner les solos dans un flux torrentiel.
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