Igloo a entamé un travail autour des rééditions de ses premières références. afin de faire (re)découvrir au public, en haute qualité audio, toutes les richesses de son catalogue. A l’heure où Trio Grande souffle ses trente bougies (et sort à cette occasion, un nouvel album, « Impertinence »), il semblait incontournables de rééditer les deux premiers LP de ce qu’on pourrait appeler « son ancêtre », Trio Bravo.
Trio Bravo est une formation transgenre, un ancrage jazz libertaire auquel se mêlent des emprunts à la musique populaire traditionnelle (X Mus), à la musique contemporaine (Mr and Mrs Jonathan), à l’énergie du rock au travers de thèmes qui se déroulent en boucles avec un attrait pour les rythmes binaires. Succès dès les premiers concerts, « le plus petit big band du monde » est parvenu à rallier public jazz et fans de rock !
À divers égards, l’aventure de Trio Bravo, née au cœur du bouillon de culture liégeois du début des années ’80, et préparée par les groupes de jazz-rock des seventies, marque une rupture avec les habitudes jazz du cru. Groupe fixe et durable (huit années d’activité intense), il flirte avec les barrières stylistiques (jazz, rock, classique, world), élargit le public, et transforme non seulement le répertoire mais le déroulement d’une interprétation jazz. Contrairement à ce qui se passait avec le jazz-rock des années ’70, pratiqué par des musiciens qui jouaient parallèlement du jazz classique, les contacts des membres du Trio avec le milieu jazz, s’ils sont bien réels dans les premiers temps, vont petit à petit s’espacer. Pourtant, même si la sempiternelle question renaît dès lors en territoires intégristes (est-ce encore du jazz?), il est clair que le Trio Bravo continue à faire partie de la grande famille bleue –fût-ce pour en être à l’occasion le mouton noir ou le jeune lion ou les deux.
(Jean-Pol Schroeder, extrait de « Sur la Piste du Collectif du Lion, une aventure plus que musicale », Les voies de la Création Culturelle vol 5)
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