Accords graciles, dynamique multiple, plaisirs. Si Margaux, 31 ans, était un repas, ce serait le plus des sashimis, où la densité du goût épouse l’ordonnance millimétrée du plat. Des sensations auditives, comme visuelles, à profusion. La technique tactile bien sûr –acquise au Conservatoire royal de Bruxelles et au Berklee Global Jazz Institute- mais aussi de l’émotion qui dégorge de santé, d’énergie.
L’esthétique jazz de Margaux est ainsi faite d’équilibrisme funambule, de recherche et d’exploration. Et de musiques nourries de nombreux instrumentistes, de divers pays : le bassiste Fil Caporali, le batteur Daniel Jonkers, le guitariste Lior Tzemach, le sax Tom Bourgeois. Et de pas moins de cinq vocalistes, Stacey Claire, Aneta Nayan, Flavio Spampinato, Tamara Jokic et Erini. L’énoncé des noms donne l’idée des fragments exposés, celle d’une identité spongieuse internationale. On en oublierait presque la sixième interprète, Margaux en personne, qui ouvre Songbook avec Ballade où les onomatopées chantées nourrissent son clavier. A moins que ce ne soit l’inverse.
Le piano, double organique de Margaux –force et élégance- est de tous les morceaux de l’album. Navire qui frôle la pop (sublime A Night Within), taquine une guitare bien électrique (Back In Schaerbeek) et, sur la plage titulaire, joue d’un sax langoureux intemporel.
Il a quel âge ce disque de jazz , le troisième signé chez Igloo Records? Sans doute celui imprégné de l’aventure nord-américaine, Berklee en 2017, et l’actuelle vie de Margaux établie depuis l’automne 2021 à Reseda, Vallée de San Fernando, Los Angeles. Les Etats-Unis ? Déjà une vieille histoire belge. Au moins depuis Bobby Jaspar et puis, bien sûr, du siffleur Toots. Margaux, après une longue lignée d’hommes étudiants -les Charles Loos et Steve Houben à Berklee- semble elle, bien décidée à ne pas être de passage américain.
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