Le morceau intitulé «Le Blues» dévoile une première piste : Julien Tassin aime la note bleue même s’il la joue à sa manière, avec décontraction, lâchant dans l’air moite des notes qui pleurent sur un groove aussi organique qu’ascétique digne d’un vieux bluesman texan. «Ghost Town» précise l’esthétique de cette musique mobile. Le guitariste remplit tout l’espace avec ses notes claires et frémissantes, pourvues en fréquences aigües et agrémentées d’un brin d’écho. Enregistré en mode intimiste, «Sweet Tension» renvoie plutôt à Bill Frisell, à ses phrases irrésolues habillées d’électronique et à ses mélodies en apesanteur dans une gravité pourtant pesante. Quant au mordant «Last Call From The Factory», c’est un forage en zone fusionnelle mâtinée de psychédélisme. En n, sur le morceau intitulé «George Harrison», Julien Tassin parvient à recréer l’essence quasi mystique et réputée insaisissable de celui qui, derrière les Beatles, ornementait avec délicatesse la musique de ses partenaires en lui donnant un supplément d’âme.
Tout ça ne fait que la moitié des dix morceaux de cet album, tous composés par le leader, mais sachez que le reste est à l’avenant, tantôt réservé, tantôt vif, toujours imprévisible. Julien Tassin embrasse différents genres mais les restitue à sa manière toute personnelle, composant ainsi un répertoire terriblement varié mais quand même homogène en ce que tous les titres sont marqués par le timbre particulier de son instrument et son phrasé original. Le guitariste est magnifique ment secondé par deux complices expérimentés, vétérans de croisements musicaux en tous genres : le contrebassiste Nicolas Thys et le batteur Dré Pallemaerts qui évoluent ici en toute simplicité en subordonnant leur art au service des compositions et de leurs ambiances.
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