Depuis quelques années, la jeune génération a montré à suffisance que la relève était prête: après l’altiste Steve Houben, le vibraphoniste Guy Cabay et quelques autres, voici que débarque à l’avant-plan un jeune saxophoniste (ténor et soprano) qui signe ici son premier album en tant que leader et qui, d’emblée, se situe au niveau des plus illustres de ses prédécesseurs. Pierre Vaiana a tout juste 30 ans. Après s’être intéressé d’abord à la peinture et avoir fait ses débuts au saxophone dans des petits groupes de rock ou de jazz-rock, il décide, après 1976, de se consacrer au jazz. Il étudie avec le saxophoniste américain Lou Mc Connell, suit les cours d’Alan Silva à Paris, et ceux du Séminaire et de la Classe de Jazz du Conservatoire de Liège (Karl Berger, Andrea Centazzo, Garrett List et surtout Steve Lacy). Puis il commence à se produire dans différentes formations comme l’Orchestre et le Collectif du Lion, le 5tet de Richard Rousselet, l’Act Big Band, etc … A l’écoute de Vaiana, deux noms viennent à l’esprit, Steve Lacy (“peu de musiciens sont allés aussi loin que lui, musicalement et humainement”) et Sonny Rollins. Du premier il a hérité un certain maniérisme dans l’émission de la note, et puis cette façon de faire sonner le soprano le plus près possible de la voix humaine ou du miaulement ; du second, il a gardé le sens du lyrisme rocailleux et de l’interprétation iconoclastique. Entre Lacy et Rollins, entre le ténor et le soprano, Vaiana s’est créé, au fil des années, son propre langage et, arrive à sa “première maturité”. Il dirige depuis 1984 son propre groupe, Trinacle, un trio sans piano composé du bassiste hollandais Hein Van de Geyn et du batteur belge Félix Simtaine.
J-P Schroeder
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