
Alors qu’il s’apprête à fêter ses 20 ans, le big band le plus déjanté revient avec «Untitled #0», un double album truffé de pièges tendus, d’arnaques trompeuses et de comportement (musicalement) outrageux qu’il vous présente fièrement, le sourire en coin. Tout cela ne serait-t-il qu’un trompe-l’oeil, une astuce d’un conteur peu fiable ? Et peut-être nous remet-il en mémoire la formule de feu le grand Misja Mengelberg “Music doesn’t exist; at most it’s an illusion”. Une maxime à méditer.
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Billy Wilder le disait déjà : “Ne sois jamais ennuyeux”. A l’approche de ses 20 ans, Flat Earth Society déboule toujours sur le mur de la bienpensance. Depuis 1999, le groupe de Peter Vermeersch arpente certains axes avec la dextérité et l’obstination furieuse du funambule.
Le groupe est composé de quinze voix, chacune ayant sa propre personnalité, mais maintenant le cap tout en louvoyant.
Le groupe est imprégné de nombreuses traditions – Ellingtonia, la routine quotidienne, Zappa, la frénésie des grandes villes, dada … – qu’il s’amuse néanmoins à bousculer. En
prime, il y a cette tension sans relâche entre le disjoncté, le provocateur et le surréel (même le maître de la nouvelle, T.C. Boyle n’aurait pu imaginer les titres de ces morceaux!), mais tout autant l’authentique, la sincérité dévouée. Cela ne devrait surprendre personne que le titre de l’album commémore les victimes de l’attaque terroriste perpétrée dans la station de métro Maelbeek en 2016.
En écoutant les deux disques de Untitled # 0 d’une seule traite, on remarquera tout ce que la musique de FES a en commun avec l’art du cinéma. Non seulement parce qu’on entend
passer plusieurs générations de bandes sonores, mais aussi parce que le groupe, à la manière d’un réalisateur expérimenté, sait si bien raconter des histoires et utilise toutes les ficelles pour tenir en haleine, surprendre ou captiver l’attention.
Tout comme les albums précédents “Untitled #0” est bourré d’images saisissantes, allant du cliquetis classe de hauts talons sur une promenade ensoleillée (Apes, Spies & Apps) au
chaos digne des Marx Brothers, qui surgit à chaque détour mais toujours sous contrôle , à la pêche d’enfer de “La malle-Valise de l’Heimatlos du Sleeping” (un titre dont seul Vermeersch a le secret), à la fureur du dernier morceau “A.Maximus”, ou du cocktailjazz invitant à mettre les pieds dans le plat.
Des 18 titres, 14 sont de Peter Vermeersch, les quatre autres ont été écrit par le pianiste Peter Vandenberghe, dont un arrangement de Summertime, le standard de Gerschwin dont
l’élasticité a été mise à l’épreuve à l’infini et que FES décompose pour en déposer les restes avec la précision du taxidermiste dans une volière dorée. Pour ne pas oublier la visite de Tommy Cooper, ou une méditation à propos d’une soupe aux tripes polonaise ou la rumeur au sujet de l’unique dame au sein du groupe sachant hypnotiser un gorille. (texte de Guy Peters)
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Untitled#0
Flat Earth Society
IGL299
Release 19/10/2018
Peter Vermeersch Saxophone ténor, chant
Peter Vandenberghe Clavier et ordinateur
Benjamin Boutreur Saxophone alto
Michel Mast Saxophone ténor
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Bruno Vansina Saxophone baryton, flûte
Bart Maris Trompette
Thomas Mayade Trompette
Peter Delannoye Trombone
Marc Meeuwissen Trombone
Berlinde Deman Tuba
Teun Verbruggen Percussions
Kristof Roseeuw Contrebasse, violon
Pierre Vervloesem Guitare basse
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Tracks
UGS IGL299 Catégories Kristof Roseeuw, Michel Mast, Peter Vandenberghe, Peter Vermeersh, Pierre Vervloesem, Flat Earth Society, Teun Verbruggen, Iglectic, Non classé, Bart Maris, Benjamin Boutreur, Berlinde Deman, Bruno Vansina Étiquettes 2 CD BOX, MP3-320, WAV-16-BIT