A la fin des années ’70, le groupe Four annonçait la reprise du jazz du jazz à Liège. Son contrebassiste André Klenes devint du même coup le pilier rythmique des sessions de la Cité Ardente. Par la suite, lié aussi à la famille classique, il s’était fait moins présent sur les scènes afin d’explorer le patrimoine musical européen. Il revint plus activement à la “croche pointée” en 1990 avec un nouveau projet-spectacle, Take It Easy, rassemblant quatre individualités liégeoises. Poète à ses heures, amoureux de la littérature, il voulut faire la jonction entre ses passions.
La voix est affectivement le sel du jazz, par qui tant de néophytes ont commencé à aimer la chose qui swingue. Jusqu’il y a peu, la Wallonie n’avait pas de “barde syncopé”, Pierre Bodson y a pallié avec l’enthousiasme qu’on lui connait. son tempérament extraverti et son charisme sont un plus existentiel à l’actif de Take It Easy. Le leader nous est révélé comme un parolier, un compositeur, un arrangeur, et bien sûr, un instrumentiste qui sait de quel bois il nous chauffe: celui de sa “gran-mère” qui partage sa vie depuis maintenant vingt ans. Accompagnateur prisé de plus d’une chanteuse, Philippe Libois a développé lors de son parcours une maestra du clavier, un talent de compositeur et d’arrangeur, croisement du goût et de la connaissance. Antoine Cirri est le batteur fin, coloré, dont la longue expérience et l’esprit de recherche conviennent parfaitement à un projet comme celui-ci.
Dans le sillage d’un Claude Nougaro, profitez à présent de ce mariage heureux entre les textes -principalement en français- et la musique qu’offrent ces quatres compagnons: entre autres, la Ballade de Sibyl Vane, écrite d’après l’oeuvre d’ Oscar Wilde, Amédée, réminiscence des revues brésiliennes, Cancion de Estrella Viva évoquant Federico Garcia Lorca et Partitudes, Malcolm Lowry, sans oublier les éléments autobiographiques des textes des Pierre Bodson, Petite Lady, Du sel sur les joues, Sortir de l’eau (!).